Le gingembre
Le gingembre est une plante vivace : sa partie aérienne est formée de feuilles et tiges donnant des fleurs blanches ou jaunes avec des pointes de rouge. La partie souterraine et pulpeuse, le rhizome, est celle couramment utilisée et consommée.
Le gingembre est utilisé depuis l’Antiquité pour ses nombreuses vertus, et la médecine ayurvédique de l’Inde ancienne l’utilise pour soulager les douleurs inflammatoires rhumatismales. Ces propriétés traditionnelles sont de plus en plus reconnues et confirmées par la recherche. Ainsi, plusieurs études comparent l’efficacité du gingembre à celle de médicaments anti-inflammatoires comme l’ibuprofène(1). Le gingembre semble ainsi avoir un effet significatif sur la diminution des douleurs menstruelles chez la femme(2), il soulage les douleurs rhumatismales(3) et est efficace dans le traitement symptomatique de l’arthrose.
Ces propriétés anti-inflammatoires du gingembre sont liées à la présence de composés actifs, les gingérols, qui donnent au gingembre frais son goût piquant.
Les gingérols exercent leur effet anti-inflammatoire en inhibant la synthèse des prostaglandines et des leucotriènes, médiateurs pro-inflammatoires de l’organisme.
En pratique, le gingembre se consomme frais (râpé, mariné), séché (moulu, en poudre) ou confit, mais aussi en infusion. En usage externe, l’application peut se faire sous forme d’huile essentielle de gingembre ou en cataplasme sur la partie douloureuse.
Le curcuma
De la même famille botanique que le gingembre, le curcuma est l’épice miracle du moment. Utilisé depuis très longtemps comme anti-inflammatoire dans les médecines traditionnelles chinoise et ayurvédique, le curcuma est un composant principal du curry indien. Sa racine, ou rhizome, est utilisée réduite en poudre.
Elle doit sa couleur orange caractéristique à la présence de molécules appelées curcuminoïdes, qui font aujourd’hui l’objet de nombreuses études dans de multiples domaines, dont la lutte contre le cancer et l’inflammation. Parmi elles, la curcumine est aujourd’hui reconnue comme étant l’une des molécules actives du curcuma, aux propriétés à la fois antioxydantes et anti-inflammatoires.
La curcumine module l’inflammation en inhibant de nombreux médiateurs chimiques pro-inflammatoires(4). Ainsi, de nombreuses études démontrent le potentiel anti-inflammatoire de la curcumine, aussi bien dans l’arthrose et les troubles ostéo-articulaires(5) que dans l’inflammation intestinale(6).
Le poivre
On l’a en permanence dans nos placards de cuisine mais on ignore souvent ses bienfaits ! Le poivre est une liane tropicale originaire d’Inde dont les baies sont consommées en cuisine. Il doit son goût piquant à la pipérine, une substance aux propriétés anti-inflammatoires et anti-microbiennes. Par ailleurs, la pipérine augmente l’effet de plusieurs autres anti-inflammatoires comme le curcuma.
La curcumine issue du curcuma que l’on mange n’est que très faiblement absorbée par l’intestin et rapidement éliminée par l’organisme. Or, la pipérine favorise cette absorption et limite l’élimination : la consommation simultanée de curcuma et de poivre multiplierait par 20 la biodisponibilité de la curcumine !
L’harpagophytum
Appelée griffe du diable en référence à ses fruits dotés de crochets, l’harpagophytum est une plante poussant dans des conditions extrêmes : le désert du Kalahari, au Bostwana et en Namibie. Sa racine est riche en composés actifs, les harpagosides, qui ont montré leurs effets sur des douleurs rhumatismales en diminuant les raideurs, par leur action anti-inflammatoire et anti-douleur. L’Agence Européenne de Médecine reconnait même son usage traditionnel en cas de douleurs articulaires inflammatoires. En effet, les harpagosides inhibent la voie de synthèse des eicosanoïdes, une famille de molécules impliquées dans l’inflammation. Ils évitent également le relargage du TNF-alpha (Tumor Necrosis Factor), une cytokine importante qui augmente en cas d’inflammation(7).
L’harpagophytum représente donc une bonne alternative aux anti-inflammatoires de synthèse(8), qui pour la plupart entraînent des troubles au niveau du tube digestif.
Le saule et la reine des prés, aspirines naturelles
Originaire d’Europe, le saule est réputé depuis l’Antiquité pour calmer les maux de tête et les douleurs inflammatoires, notamment les douleurs articulaires provoquées par les rhumatismes et l’arthrose, ainsi que pour faire baisser la fièvre (antipyrétique).
L’écorce de saule contient des dérivés salicylés, notamment la salicyline. Cette substance anti-inflammatoire et antalgique est très similaire à l’acide acétylsalicylique présent dans l’aspirine et possède les mêmes propriétés sans en avoir les effets indésirables au niveau de l’estomac.
L’écorce de saule était ainsi couramment utilisée jusqu’à la fin de XIXe siècle et le début de la synthèse en laboratoire d’acide acétylsalicylique à partir de dérivés salicylés découverts dans une plante, la reine des près. Celle-ci, également appelée spirée, donna ainsi son nom au célèbre médicament, l’aspirine.
Natacha Calmels
1. Rahnama P. et al. « Effect of Zingiber officinale R. rhizomes (ginger) on pain relief in primary dysmenorrhea: a placebo randomized trial » BMC Complementary and Alternative Medicine (2012).
2. Ozgoli G. et al. « Comparison of effects of ginger, mefenamic acid, and ibuprofen on pain in women with primary dysmenorrhea. » J Altern Complement Med. (2009).
3. Altman R. D. et al. « Effects of a ginger extract on knee pain in patients with osteoarthritis » Arthritis & Rheumatism (2001).
4. Sahebkar A. « Are curcuminoids effective C-reactive protein-lowering agents in clinical practice? Evidence from a meta-analysis. » Phytother Res. (2014).
5. Chin K.Y. « The spice for joint inflammation : anti-inflammatory role of curcumin in treating osteoarthritis » Drug Des Devel Ther (2016).
6. Bereswill S. et al. « Anti-Inflammatory Effects of Resveratrol, Curcumin and Simvastatin in Acute Small Intestinal Inflammation. » PLOS ONE (2010).
7. Fiebich B.L. et al. « Molecular targets of the antiinflammatory Harpagophytum procumbens (devil’s claw): inhibition of TNFα and COX2 gene expression by preventing activation of AP-1. » Phytother Res. (2012).
8. McGregor G. et al. « Devil’s Claw (Harpagophytum procumbens) : An Anti-Inflammatory Herb with Therapeutic Potential » Phytochemistry Reviews (2005).