Comment se déclenche une inflammation ?
L’inflammation est une réaction normale de l’organisme en réponse à une agression exogène : entrée d’élément étranger en cas de plaie, traumatisme, infection virale ou bactérienne… Elle se caractérise par l’apparition d’une rougeur, d’une sensation de douleur et de chaleur, et d’un gonflement au niveau du lieu de l’infection, signes extérieurs des mécanismes de défense visant à éliminer l’agresseur. On parle ici d’inflammation aigüe.
Cependant, l’inflammation est dite chronique lorsqu’elle n’est pas déclenchée par un agent extérieur et qu’elle dure dans le temps. Dans ce cas, le processus inflammatoire est excessivement activé, et cette inflammation, malgré le peu de symptômes apparents, cause des dégâts dans tout l’organisme : dégénérescence cellulaire et tissulaire, vieillissement accéléré, augmentation du taux de radicaux libres…
De façon intéressante, certains nutriments sont capables de réguler l’inflammation ; c’est le cas, par exemple de certains acides gras polyinsaturés.
Les acides gras Oméga-3 et oméga-6 : des médiateurs chimiques très efficaces
Les acides gras oméga-3 et oméga-6 peuvent donner naissance à des médiateurs chimiques très actifs, dont les prostaglandines, impliqués dans la modulation de l’intensité de la réponse inflammatoire.
Cependant, les oméga-3 et oméga-6 ne sont pas équivalents ! Si le premier présente une action plutôt anti-inflammatoire, ce n’est pas toujours le cas du second dont les dérivés peuvent être pro-inflammatoires.
Des études récentes ont permis la découverte d’autres familles de dérivés des acides gras polyinsaturés : les lipoxines, résolvines, protectines, toutes dérivées des acides gras "fin de chaine" (en particulier EPA et DHA) et impliquées dans l’arrêt programmé ou résolution de l’inflammation.
Des prostaglandines aux effets opposés
Il existe en effet 3 types de prostaglandines aux effets opposés :
- PGE1, dérivée de l’acide gamma-linolénique GLA (oméga-6), anti-inflammatoire.
- PGE2, dérivée de l’acide arachidonique AA (oméga-6), pro-inflammatoire.
- PGE3, dérivée de l’acide eicosapentaénoïque EPA (oméga-3), anti-inflammatoire.
EPA et DHA (oméga-3) peuvent aussi donner naissances à des molécules impliquées dans la résolution de l’inflammation appelées résolvines et protectines.
En résumé, les oméga-6 conduisent à la synthèse de composés pro et anti-inflammatoires, tandis que les oméga-3 ne donnent naissance qu’à des composés anti-inflammatoires.
Tout est dans le ratio "oméga-6 / oméga-3"
Malheureusement, notre alimentation actuelle nous apporte un surplus d’oméga-6, qui domine l’effet bénéfique des oméga-3, favorisant le métabolisme des prostaglandines vers la voie pro-inflammatoire.
L’excès de PGE2 et le manque de PGE3 pourraient alors favoriser l’inflammation chronique et être impliqués dans certaines maladies telles que l’arthrose.
Il ne s’agit pas ici de dire que les oméga-6 sont mauvais pour la santé, mais il est important de respecter un bon équilibre en consommant davantage d’oméga-3. Afin de restaurer l’équilibre, l’Anses recommande donc un rapport oméga-6 / oméga-3 égal à 1 pour 5.
L’inflammation n’est donc pas un phénomène passif : au contraire, la résolution de l’inflammation est physiologique et active : à nous de savoir la soutenir par une bonne alimentation !
"La" précurseur des prostaglandines
Bien avant la découverte des molécules de résolution de l'inflammation, Catherine Kousmine abordait cette notion en 1987. Elle parlait déjà de « prostaglandines de paix » pour les PGE1 et « prostaglandines de guerre » pour les PGE2.