Cholestérol et maladie cardiovasculaire : l’hypothèse lipidique
Depuis plus de 80 ans, le cholestérol est vu comme un facteur important de risque cardiovasculaire. Comment cette idée s'est-elle installée ? Un nombre restreint d'études ont suffi. Dans les années 1950, alors que les Européens vivent encore proche de leurs agriculteurs et ne se nourrissent pas encore d'alimentation industrielle, les Américains subissent une véritable épidémie d'accidents cardiovasculaires. La cause en serait-elle leur mode d'alimentation trop riche en graisses saturées ?
C'est ce que suspecte Ancel Keys, nutritionniste et physiologiste américain qui lance une étude d'envergure dans 7 pays. Son objectif ? Montrer qu'il existe une correspondance entre le taux de graisses dans l'alimentation et la survenue des maladies cardiovasculaires. Contestée, l'étude est reprise cette fois, avec pour indicateurs le taux de cholestérol moyen des populations et leur taux d'infarctus. Pour les besoins de la preuve, Ancel Keys exclue certains pays dont la France, championne de la santé cardiovasculaire et manipule à loisirs des résultats de l'étude. Mais il peut ainsi confirmer "l'hypothèse lipidique" vite plébiscitée dans le monde entier. L'industrie pharmaceutique en bénéficiera pleinement avec la production d'une nouvelle classe de médicaments : les statines. L'idée qu'il faudrait modifier son alimentation est détournée au profit d'une médication.
Ce qui semble confirmé aujourd'hui est la nécessité d'enrichir son régime alimentaire de graisses polyinsaturées, de réduire la part sans la supprimer de graisses saturées, mais que le plus grand impact sur la santé provient des graisses dite trans-, sous-produits de l'industrie agroalimentaire. Manger des produits transformés même allégés en graisse serait plus néfaste qu'une cuisine faite maison.
Le cholestérol à l'épreuve d'une étude de longue durée
En 1948, débutait l’étude de Framingham considérée par les scientifiques comme fondatrice de la notion de facteur de risque dans les maladies cardiovasculaires. Cette étude épidémiologique se poursuit depuis. La cohorte représentative de la population des Etats-Unis est renouvelée depuis trois générations.
Au fil des années, plusieurs facteurs de risques ont été mis en évidence :
- Le tabagisme
- L’hypertension artérielle (1957)
- Le diabète (1974)
- Le cholestérol (1977) et l’effet protecteur du HDL.
- L’obésité (1983)
Non, il n'existe pas de cholestérol HDL ou LDL !
Le cholestérol, hydrophobe, ne peut circuler librement dans le circuit sanguin. C'est pourquoi, il s'encapsule dans des molécules constituées de lipides et de protéines : les lipoprotéines appelées LDL et HDL. Les hypothèses sur la nocivité présumée de la lipoprotéine LDL (Low Density Lipoprotein) et les bienfaits du HDL (High Density Lipoprotein) en ont fait les stars des bilans sanguins ! Toutefois, la complexité des lipoprotéines ET les inconnues qui demeurent quant à leurs fonctions et leurs équilibres internes invitent à la prudence. Est-il vrai que le HDL protège le coeur des risques cardiovasculaires ? C'est que vous découvrirez ci-dessous:
S'il est un domaine où les idées reçues foisonnent, c'est bien celui de la santé. Pour savoir si les plus courantes sont vraies ou fausses, suivez notre série vidéo Idées reçues.