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Les perturbateurs endocriniens dans la maison par le docteur Pierre Souvet

L'essentiel

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Les perturbateurs endocriniens, parlons-en

Expositions, risques et conséquences par le docteur Pierre Souvet.

Une exposition de plusieurs décennies

Les perturbateurs endocriniens, dont on entend de plus en plus parler, sont des perturbateurs hormonaux. La population y est exposée fortement depuis l’apparition des produits chimiques – soit les années 1950. Or, on observe depuis quelque temps une recrudescence des troubles de la reproduction (baisse de la fertilité, retard du développement intra-utérin, malformations), des cancers hormono-dépendants (sein, prostate, thyroïde et testicule), du diabète ou encore de l’obésité. Il semble ainsi y avoir un lien étroit avec l’exposition à ces PE contenus dans les produits chimiques.

Les « PE » : de quoi s’agit-il ?

Selon la définition de l’OMS, « les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement des systèmes endocriniens et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants ». Il peut s’agir d’hormones de synthèse. C’est le cas des pilules contraceptives ou des traitements hormonaux de substitution.

Mais aussi de substances fabriquées par l’homme que l’on retrouve dans les produits d’entretien, les cosmétiques, ainsi que dans toute une série de produits de consommation. Parmi les plus courants : les alkylphénols, les bisphénols dont A encore présent, S et F, les PCB et composés dioxin-like, perchlorate, certains pesticides comme le chlordécone ou le DDT, certains phtalates, certains parabènes, certains composés perfluorés (PEFC) et certains composés polybromés (retardateurs de flamme). D’autres semblent impliqués comme la résorcine ou encore les métaux lourds comme le plomb, le cadmium, le mercure.

Le mode d’action des perturbateurs endocriniens

Les hormones sont essentiellement sécrétées par les glandes endocrines que sont l’hypophyse, la thyroïde, les glandes surrénales, les testicules, les ovaires et le pancréas. Mais aussi, à un moindre degré, par d’autres organes comme le tube digestif ou la graisse. Les hormones sont diffusées dans l’organisme par le sang et agissent comme des « messagers chimiques ». Une hormone est en quelque sorte une clé capable d’ouvrir une serrure. En se liant à leurs récepteurs cellulaires (des serrures donc), les hormones vont modifier le fonctionnement des cellules et déclencher des réactions très spécifiques afin d’assurer le fonctionnement correct de l’organisme.

Elles vont ainsi réguler le développement, la croissance, la reproduction, le comportement, le système d’immunité, le métabolisme ou l’humeur. Les perturbateurs endocriniens peuvent agir de différentes façons : 

  • en imitant l’action d’hormones naturelles telles que les œstrogènes ou la testostérone. Le perturbateur endocrinien est alors une sorte de « sosie » de l’hormone. Lorsqu’il pénètre dans notre organisme, le récepteur (serrure) est ainsi occupé par une « fausse clé » qui ouvre la porte n’importe comment ;
  • en bloquant les récepteurs des cellules recevant les hormones, empêchant ainsi l’action de celles-ci ; 
  • en gênant ou en perturbant la production ou la régulation d’une hormone ou de son récepteur.

Les perturbateurs endocriniens : des risques à faibles doses

De plus, on peut oublier la logique selon laquelle on ne peut être intoxiqué qu’à forte dose. En effet, pour les PE, c’est différent. Il est à noter que parfois les perturbations seront plus importantes à faible dose qu’à forte dose. Surprenant ! Ces mécanismes complexes ont d’ailleurs été récemment mis au jour. Pourtant, les valeurs toxicologiques actuelles sont basées sur la dose et ont donc fortement sous-estimé la toxicité des perturbateurs endocriniens.

Les perturbateurs endocriniens  : quelles sont les conséquences ?

Les hormones jouent un rôle fondamental dans le fonctionnement de notre organisme. De nombreuses pathologies peuvent donc résulter d’une exposition aux perturbateurs endocriniens. Parmi elles :

  • la pauvre qualité du sperme chez les jeunes hommes ;
  • des malformations ; des naissances prématurées et petits poids de naissance ;
  • des troubles cognitifs et un développement perturbé du cerveau ;
  • des cancers du sein, de l’utérus, de l’ovaire, de la prostate, du testicule et de la thyroïde ;
  • des pubertés précoces chez les jeunes filles, des obésités et des diabètes.

Les perturbateurs endocriniens sont particulièrement néfastes pendant les étapes du développement comme la grossesse, l’enfance et l’adolescence. On sait en effet que de nombreux composés traversent la barrière placentaire. Ainsi, tout ce qui contamine la mère peut aussi contaminer le fœtus et même la descendance du fœtus. Il convient d’être particulièrement vigilant pendant ces périodes.


Extrait de 200 alertes santé environnement, Dr Pierre Souvet, préface de Nicolas Hulot, Guy Trédaniel éditeur.
Pour en savoir plus, vous pouvez télécharger Dialogues de l’ASEF Spécial Perturbateurs Endocriniens avec l’interview du Pr Patrick Fénichel sur www.asef-asso.fr.

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont partout ! Le docteur Pierre Souvet explique comment ils agissent sur notre santé- Penser Santé
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